FEMINISME

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Ecoles au Sénégal
07 octobre 2020
Les luttes féministes dans les civilisations autres que l'occidentale se sont le plus souvent confondues avec d'autres combats. Ainsi, les femmes asiatiques durant le xixe siècle et le début du xxe siècle, lorsqu'elles se révoltaient, le faisaient contre le racisme et la domination impérialiste des colonisateurs. Alors que les féministes européennes luttaient pour l'égalité des sexes, les femmes des pays colonisés ou soumis aux États occidentaux luttaient pour l'indépendance. Dans ce contexte, les violences contre les femmes, comme les viols, participaient souvent à l'exploitation des populations indigènes par les colons. Il en était de même pour les femmes des classes les plus pauvres ou des descendantes d'esclaves aux États-Unis, pour qui l'amélioration de la condition féminine passait par celle de tous ceux qui vivaient dans cette même situation économique

histoire du féminisme


L'histoire du féminisme commence dans la seconde partie du xixe siècle, lorsque le mot féminisme apparaît sous la plume d'Alexandre Dumas fils puis sous celle d'Hubertine Auclert. Cependant, dès la fin du Moyen Âge, des auteurs critiquaient la place accordée aux femmes dans la société. Le discours féministe, à partir de ce moment, met plusieurs siècles pour s'élaborer et s'afficher comme un mouvement revendiquant, dans un premier temps, l'égalité civique et civile des femmes et des hommes puis une libération des femmes du carcan patriarcal.

 

À partir donc de cette apparition structurée du féminisme, son histoire est le plus souvent divisée en trois périodes pendant lesquelles certaines revendications sont plus mises en avant. Ainsi la première vague se réfère au xixe et au début du xxe siècle quand les principales revendications se rapportent au droit de vote, aux conditions de travail et aux droits à l'éducation pour les femmes et les filles. La deuxième vague (1960-1980) dénonce l'inégalité des lois, mais aussi les inégalités culturelles et remet en question le rôle de la femme dans la société. La troisième vague (fin des années 1980-début des années 2000) est perçue à la fois comme une continuation de la seconde vague et une réponse à l'échec de celle-ci.

 

Si ce découpage prédomine dans la critique occidentale - encore que nombre de féministes en France jugent que la troisième vague est propre au mouvement américain - il ne peut être plaqué sur l'histoire du féminisme des autres parties du monde. La littérature sur le sujet tend à délaisser les autres cultures et civilisations alors que des mouvements de défense de droits des femmes apparaissent dès le début du xxe siècle sur les autres continents, d'ailleurs souvent inspirés par les idées occidentales. En fonction de la période, des cultures ou du pays, les féministes, à travers le monde, ont défendu des causes et affiché des objectifs différents. La qualification de féministes pour ces mouvements est sujette à controverse. En effet la plupart des historiens du féminisme, en Occident, s'accordent pour dire que tous les mouvements et tous les travaux accomplis pour obtenir des droits pour les femmes doivent être considérés comme des mouvements féministes même si leurs membres ne se revendiquent pas comme tels, alors que certains historiens pensent que le terme ne doit s'appliquer qu'au mouvement féministe moderne et à ses continuateurs.




Féminisme en Europe


Sous l'influence du code Napoléon, de nombreux textes législatifs européens, au début du xixe siècle, limitent les droits des femmes en Europe et inscrivent dans leur droit national ce qui était auparavant une réalité coutumière, à savoir la soumission naturelle de l'épouse à son mari. Cette politique réactionnaire, après les avancées obtenues lors de la Révolution, explique le repli des féministes43. Par ailleurs, dans le monde anglo-saxon, la fin du siècle est marquée par l'époque victorienne (1873-1901) qui est une ère « domestique » personnifiée par la reine Victoria. La condition féminine dans cette société impose alors une vie centrée sur la famille, la maternité et la respectabilité.


C'est l'idéal féminin qui caractérisait déjà les conduct books (littéralement « livres de conduite ») de Sarah Stickney Ellis (1799-1872) ou de Mrs Beeton (1836-1865). Les féministes du xixe siècle doivent donc réagir non seulement face aux injustices dont elles sont les témoins mais aussi contre cette image, de plus en plus suffocante, imposée par la société. Cependant, dès le début du xixe siècle, quelques hommes et femmes prennent la parole en public, bien qu'il soit difficile de savoir quelle influence ils eurent sur les consciences. Dans ces tentatives de prises de parole, deux formes de féminisme vont émerger et s'opposer. La première est un courant égalitaire qui revendique une amélioration de la condition féminine au nom de l'identité humaine. La seconde, dualiste, constate l'opposition entre les hommes et les femmes et demande le respect des particularités féminines

es et femmes prennent la parole en public, bien qu'il soit difficile de savoir quelle influence ils eurent sur les consciences. Dans ces tentatives de prises de parole, deux formes de féminisme vont émerger et s'opposer. La première est un courant égalitaire qui revendique une amélioration de la condition féminine au nom de l'identité humaine. La seconde, dualiste, constate l'opposition entre les hommes et les femmes et demande le respect des particularités féminines



 


Féminisme en Occident 



C'est la journaliste Martha Weinman Lear qui introduit, pour la première fois, la notion de « vagues » féministes, dans un article du New York Times Magazine de mars 196870. Elle explique qu'une nouvelle vague, la deuxième, relance les combats féministes. Les générations précédentes sont alors rétroactivement incluses dans une première vague. Puis en 1990, l'auteure Rebecca Walker décrète que la nouvelle génération constitue une troisième vague et que cette appellation est meilleure que celle de « féministe post-féministe » utilisée dans un article du New York Times Magazine. Cependant, cette division ne fait pas l'unanimité. En effet des auteures comme Susan Faludi ou Eve Ensler notent la difficulté à catégoriser certaines féministes dans la deuxième ou troisième vague et Jennifer Baumgardner, qui juge que cette notion de vague permet de marquer clairement les moments importants du féminisme, note combien ces nouvelles vagues arrivent de plus en plus vite





Féminisme en Afrique du Nord


Partis clandestins qui s'organisent pour lutter contre l'occupation européenne, des femmes, en très petit nombre au début, trouvent leur place et créent des associations féminines. Ainsi, en Algérie, Mamia Chentouf est responsable de la cellule féminine au sein du Parti du peuple algérien puis elle est une membre active de l'Association des femmes musulmanes algériennes. Au Maroc, Malika El Fassi réclame le droit à l'instruction pour les femmes. Cependant, les revendications féministes sont plutôt tues et passent au second plan derrière la lutte contre la colonisation. Lorsqu'elles expriment des idées proprement féministes, les femmes d'Afrique du Nord se soucient dans un premier temps du mariage et du port du voile islamique. Ces deux thèmes sont liés à d'autres qui intéressent aussi les féministes comme la polygamie, la prostitution et l'éducation des jeunes filles




Féminisme au Moyen-Orient


Au début du xxe siècle, plusieurs mouvements féministes existent dans la région du Moyen-Orient qui s'inspirent des idées développées en Europe. Lorsque les mouvements indépendantistes prennent de l'importance, ces mouvements vont participer aux luttes visant à faire partir les puissances occupantes. Lorsque les nouveaux états se forment, les partis tentent de récupérer les revendications féminines à leur compte. Cependant, les discours officiels d'amélioration de la condition féminine sont le plus souvent en contradiction avec les actions réelles des élus qui cherchent aussi à contenter les opinions conservatrices et religieuses.


Comme elles se retrouvent soumises au discours étatique qui ne correspond finalement pas à leurs souhaits, les femmes, à partir des années 1990, défendent leurs idées en participant à des mouvements indépendants du pouvoir. Il ne s'agit pas à proprement parler de groupes féministes mais la place de la femme dans la société y apparaît comme un élément essentiel du discours. Comme au début du xxe siècle les revendications portent sur l'accès à l'éducation, la représentation des femmes dans les instances du pouvoir, l'acquisition de nouveaux droits, etc.




Féminisme en Afrique subsaharienne


Les femmes africaines, avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, s'opposent à l'oppression des empires coloniaux et les problèmes propres aux femmes sont soit laissés de côté soit intégrés aux luttes de libération. Les avancées sont exceptionnelles et le droit de vote accordé aux plus riches femmes sierra leonaises dans les années 1930 est unique. En revanche, des femmes luttent couramment au côté des hommes contre l'administration coloniale.


Ainsi, au Sénégal, elles s'opposent au recrutement militaire durant la Première Guerre mondiale ; en Rhodésie, c'est l'obligation d'avoir une autorisation pour circuler qui déclenche la colère des femmes et, au Togo, elles refusent les impôts britanniques. Les Togolaises suivent en cela l'exemple du Nigeria où, à la fin des années 1920, les femmes en lutte sont comparées par l'administration aux suffragettes anglaises. Dans les années 1940, des Nigérianes s'organisent en association sous la conduite de Funmilayo Ransome-Kuti et créent en 1946 l'Abeokuta Women's Union. Comme au Maghreb, les femmes participent aux luttes pour l'indépendance au sein de partis clandestins que ce soit au Tanganyika, où se fait particulièrement remarquer Bibi Titi Mohammed, ou dans les territoires de l'Afrique-Occidentale française et de l'Afrique-Équatoriale française qui voient se développer un mouvement transnational, le Rassemblement démocratique africain dans lequel des femmes comme la Malienne Aoua Keïta ou la Voltaïque Célestine Ouezzin Coulibaly s'illustrent.

 

En 1959, dans les pays de l'Afrique de l'Ouest faisant partie de la Communauté française, les diverses associations de femmes se réunissent dans l'Union des femmes de l'Ouest africain qui réclame l'abolition de la polygamie, le droit aux femmes d'hériter de leur mari, la création d'un mariage civil, l'interdiction de la prostitution. Ceci va de pair avec la lutte contre les discriminations et pour l'égalité entre les hommes et les femmes. Ce féminisme tend à prendre ses distances avec son équivalent occidental, considéré comme une forme de colonialisme. C'est pourquoi, en 1977, à Dakar, est créée l'Association des femmes africaines pour la recherche et le développement qui annonce vouloir « décoloniser le féminisme ». Le terme même de féminisme est critiqué et certaines cherchent à le remplacer. Ainsi, Molara Ogundipe-Leslie utilise le néologisme « stiwanism » qui signifie « social transformation including African Women » (« transformation sociale incluant les femmes africaines ») alors que Calixthe Beyala parle de « féminitude » et que d'autres font référence au « womanism ». Il résulte de cela que le féminisme n'est pas une réalité semblable à celle du monde occidental et une auteure comme l'anthropologue Gwendolyn Mikell peut écrire en 2003 que « le féminisme africain est en train de naître »




Féminisme en Amérique latine


Après les débuts du féminisme en Europe dans la deuxième partie du xixe siècle, les échanges entre l'Amérique et l'Europe amènent cette idéologie dans les salons de la bourgeoisie. Toutefois, les traces historiques des actions féminines sont rares et les débuts du féminisme en Amérique du Sud sont peu documentées. Cependant, au milieu du xixe siècle, des Brésiliennes publient des journaux féministes et se plaignent de la domination masculine et du mariage vu comme une « tyrannie insupportable ». De plus, elles abjurent leurs lectrices de se battre pour obtenir l'égalité des droits. Par la suite, à la fin du xixe siècle, des anarcha-féministes font entendre leurs voix en Argentine. La revendication habituelle de l'accès à l'éducation va de pair avec celle d'une autonomie financière puis, dans un second temps, avec le droit de vote. Si celui-ci est refusé, en revanche, les femmes du Mexique, du Brésil, d'Argentine et du Chili gagnent celui d'accéder à l'université.

 

Tous ces mouvements propres à chaque pays s'organisent en collaboration avec ceux d'Amérique du Nord à partir de 1910. Ceci aboutit, en 1922, à la création de la Pan-American Association for the Advancement of Women qui réclame une meilleure éducation pour les femmes, le droit de vote et l'égalité. Entretemps, des féministes mexicaines organisent un congrès en 1916. La Pan-American Association for the Advancement of Women a une existence abrégée par des oppositions entre les féministes des États-Unis et celles d'Amérique du Sud. Cependant, la volonté d'améliorer les conditions des femmes dans tous les états américains perdure et elle trouve à s'exprimer en 1928 lorsque l'Organisation des États américains crée la commission interaméricaine des femmes. Le droit de vote, pour important qu'il soit, n'est pas l'unique objet de la lutte, mais il s'inscrit dans une démarche plus générale pour obtenir des droits égaux à ceux des hommes.

 

Les années 1960 connaissent un regain de l'action féministe qui participe ainsi à la deuxième vague féministe. Ce sont surtout les femmes des classes aisées qui mènent le combat et ce principalement dans les capitales des pays les plus grands comme le Mexique, le Brésil ou l'Argentine. Les années 1970, en revanche, parce qu'elles sont une période de luttes politiques violentes entre révolutionnaires et états dictatoriaux, ne laissent pas s'exprimer les idéaux féministes : les femmes participent aux combats mais le féminisme est considéré comme un facteur de division. Dans les années 1980, le mouvement féministe renaît et se développe autour de trois axes : indépendance vis-à-vis des partis de gauche, rencontres entre féministes de plusieurs pays d'Amérique latine et tentatives de massification des mouvements dans ce qui a été appelé le « féminisme des secteurs populaires ».


Grâce à cette stratégie, les femmes parviennent à se faire entendre et à concrétiser des revendications. Cependant, des tensions apparaissent entre féministes « pures et dures » (« de huesos colorados ») et féministes des secteurs populaires alors que les soutiens des ONG américaines et européennes ainsi que des institutions telles que l'ONU contrarient certaines qui rejettent une tentative de récupération par des sociétés néolibérales et impérialistes. Entre les féministes autonomes et les institutionnelles, la rupture est consommée dans les années 1990. D'autres facteurs font exploser l'unité du mouvement dans les années 2000, ce qui correspond à la troisième vague féministe. Les lesbiennes participent aux diverses rencontres féministes mais en organisent d'autres consacrées uniquement aux problèmes qui leur sont propres. Par ailleurs, les descendantes des Africaines s'organisent pour combattre le racisme, y compris celui de certaines féministes. Elles sont suivies par les Amérindiennes, ce qui contribue à une radicalisation du mouvement



source https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9minisme